mercredi 8 mai 2013

Des montagnes russes sur place

Ca commence toujours par une page blanche, par du vide, disposer ses stylos, sa gomme, son crayon et les feutres qui viendront après mais sont déjà là. On essaie de se poser aussi ,de se fixer, c'est plus dur déjà, on choisit sa musique, celle qui accompagnera ou distraira. En anglais c'est bien , on comprend peu, on se laisser bercer, si ça plane, que ca monte ,remue c'est parfait.

Un encens, de l'encens c'est mieux encore pour flotter. Peut être qu'on devrait boire aussi mais on le fait pas, on se sucre seulement de temps en temps.

Il y a la page blanche et puis on dessine des yeux, tout commence par un regard. Ensuite on ne sait pas. On tourne autour des mêmes thèmes, tous, toute alors on ne sait pas si on dansera l'amour, feintera la mort, placera des barrières, jouera. On ne sait pas.

Cela commence par un regard incertain posé vers nous même, vers le monde par ricochet parce qu'on dessine simple alors le monde peut entrer. On s'est enfermé là dedans, dans cette boite, avec ces pages blanches, pour s'apaiser, pour s'affronter, pour caresser, fleurir. On s'est enfermé et le monde peut entrer parce qu'on a besoin moins besoin de lui. On s'est enfermé et on a décoré les murs.

On pose le regard et il nous donne une émotion, on cherche, on cherche des formes, des spirales, des courbes qui vont avec cette émotion. On efface, on rature, on croit avoir trouvé mais c'est mou, ça murmure, ca se contente, ça ne dit pas alors on raye, on efface, encore, encore, encore.


On peut effacer des heures, des jours, il n'y a toujours presque rien mais on avance.On se décourage, on s'agace , on grince des dents parce que l'à peu près agace , est ce qu'on aime à peu près? Est ce qu'on à peu près passé une bonne soirée? Est ce qu'un plat est à peu près bon?

 On avance en cherchant l'émotion, on la goûte , on la reçoit, on jongle avec. On va dedans, tout dedans, on va rencontrer la joie, la peur, on embrasse, on va derrière, on va devant. On souffre, on rit. On fait des montagnes russes sur place. On danse avec elles, on les tient par la main, elles nous mène, elle nous emmène, pour la vie on est de jeunes amoureux avides l'un de l'autre.

On a mal, les larmes aux yeux, toujours et quand les larmes viennent c'est qu'on a trouvé alors c'est fait. On a la mort, l'amour, l'espoir, la mélancolie, la joie distinctes ou mélangées mais on a trouvé. Il reste l'équilibre, à jongler avec les formes pour que le dessin glisse, cela prend du temps l'équilibre, souvent quand c'est fini on s'aperçoit qu'en fait il n'est pas là mais l'équilibre il vient après, après le moteur.

On est dedans , et on inonde le papier du dedans, le dessin est terminé. il reste des heures pour l'encrer, un peu de minutes ou beaucoup d'heures mais il est là, il reste juste à faire. on peut sourire, on peut sortir un peu de l'émotion, glisser sur la joie si elle était absente, on a trouvé. On n'est pas pressé et pourtant on sait que le matin on mangera vite, on ne se lavera pas , on ira s'asseoir, choisir sa musique et on restera là, longtemps, dedans., tout dedans, totu bene et les heures passeront pleines. Il peut faire gris ou bleu dehors, on s'en fout un peu. On ne sortira pas pour prendre l'air , on mène déjà grand train, on ne sortira pas pour bonjour ça va parce que c'est içi que ça va.

2 commentaires :

  1. Passée un peu par hasard - un peu...car rien n'est jamais du hasard - Lu en disant oh oui, éh oui, oui
    charmée par toutes ces phrases qui résonnent chez moi comme les paroles d'une chanson que je connais trop bien.
    "Il peut faire gris ou bleu dehors, on s'en fout un peu. On ne sortira pas pour prendre l'air , on mène déjà grand train, on ne sortira pas pour bonjour ça va parce que c'est içi que ça va."

    Je suis heureuse de constater que ce qui est perceptible dans les lignes et les courbes de votre travail surgit d'un intérieur tout aussi poétique.

    merci

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