lundi 23 juin 2014

Kermesse

Samedi j'avais kermesse., c'était jour de liesse. A vrai dire j'avais oublié ce que c'était une kermesse, peut être même ne l'ai je jamais su , comme le reste.

La kermesse c'était une fin, une page qui se tourne avec du bruit, des mots d'enfants , des sourires de parents  et des percussions à côté de moi.



Dans cette école , dont j'ai encore oublié le nom,  j'ai posé les pieds il y a un an pour laisser deux personnages, le beau-bête, ma mystérieuse vengeresse masquée et un arbre humain dans la cour. Ils y sont encore, pas mal jaunis, un peu déchirés là où les enfants peuvent poser les mains mais encore là. Tu descends à barbès, tu n'achètes pas de malboro bleds, tu contournes les crs, dépasse tatie, tu prend la rue de clignancourt, tu montes et quand i  y a un drapeau tricolore c'est là.



Quelques mois plus tard, classe à projet action culturelle ou un autre sens à ces sigles obliques que l'éducation nationale déroule avec certitude absurde. 



Vingt heures à peu près, et celles qu'on ajoutera à volonté, pour dessiner à ma façon avec une classe de cp et ce2. Vingt heures pour dessiner petit, en noir et blanc avec pour consigne d'inclure le plus de détails possibles, les enfants reprennent toujours en parlant de graphisme parce qu'ils n'ont pas oublié d'apprendre eux. L'autre consigne c'est qu'ils savent faire donc qu'ils peuvent faire, celle là il faut la rappeler souvent.

Vingt heures et quelques brouettes à venir avec le sourire, parfois pas mais un mauvais jour leur énergie donne une pêche champomy. Par contre venir fatigué...non, non il ne faut pas car ça va vite là bas, très vite par les mots et les gestes.


Ils ont beaucoup de questions, rarement de mauvaises, ne catégorisent pas, ne comparent pas mais ça on le sait tous. L'ennui viendra après.

S. fait les dessins que je préfère ( pourtant la concurrence est rude) mais au départ...m il dit qu'il ne sait pas, il ne sait pas quo  dessiner. Alors on énumère les propositions: animal, personnage, mélange des deux et quand son oeil brille on saute dessus. Ensuite S. dit qu'il ne sait pas dessiner. on fait deux ronds, i lest d'accord ça peut être des yeux, un trait, une bouche, un trait, un nez, un cercle, c'est un lion. Il est d'accord, il sait faire des ronds et des traits. Il sait dessiner. Ses dessins à lui ont un petit truc en plus, une douceur poèsie et à force de lui répéter je crois qu'il y croit un peu, un moment au moins, c'est beaucoup déjà un moment.



Les filles dessinent des danseuses, des princesses, des chats, les garçons des monstres, des supers héros, un super cochon, un monsieur patate. Comme souvent toujours les enfants font viennent beaucoup de merveilles. Ils ne cherchent pas encore vraiment à faire "bien", ne sont pas encore persuadés que le beau a deux bras, deux jambes, pas de ken, pas de Barbie. des monstres, des animaux, des héros et des zombies.



Sacha est prof des écoles , il croit aussi qu'il ne sait pas parfois, qu'il ne sait pas "l'artistique". Quand je pars sur les genoux après une heure et demie et qu'il fait la journée et les suivantes je crois qu'il sait et qu'il est un peu magicien.

ils dessinent petit puis viennent les grandes reproductions avec des cris de joie, de l'impatience et de grands yeux. Avec les agrandissements viennent les ciseaux, les marqueurs et la couleur, point trop n'en faut.




Après les marqueurs, après les ciseaux vient le jour J. La colle c'est salissant alors ils viennent deux par deux et je suis deux, avec mon échelle, mes bras et une amie de passage parce que partager avec quelqu'un qu'on estime c'est une autre aventure. Ils viennent en sautillant, s'assoient ou courent autour. J . qui ne disait jamais rien avec ses yeux de chine sourie, rit et parle, champomy! Ils viennent cinq minutes par petit groupe, on colle le leur souvent, ils conseillent et quand je ne les suis pas je fais semblant que si, le mensonge est juste parfois.

Ensuite les parents viennent inaugurer, ils sont gentils les parents , les enfants posent fièrement comme des peintres en pâtes. Parfois ce n'est pas mièvre le bonheur.





Pour la kermesse je découpe et distribue des masques, au bout de trois heures j'ai du mal à bouger les doigts. Il fait beau , les couleurs brillent sur le mur. c'était un beau jour pour finir.





Les belles photos sont d' Olfa, le reste est de moi.

Je me suis évadé de l'école il y a peu, j'y étais crs pour enfant, je m'en suis sauvé les mains tremblantes, vaincu par l'inutile. Le retour à l'école, celle des plus petits, pas pour ferrailler, comme chevalier, il est magique. Un jour un hôpital pour enfants malades j'espère, d'autres écoles, là où l'on sème.






3 commentaires :

  1. Merci pour ce si joli poème qui ressemble tant à tes dessins
    Sissy

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  2. Cher Chevalier, vous avez jeté un magnifique pavé dans la cour de l'école et petits et grands Magiciens et Chevaliers de Clignancourt se sont engouffrés dans la brèche. De nouveaux dessins, inspirés d'autres univers se glisseront dans les interstices de ceux-ci ou prendront la place d'œuvres qui se sont envolées au fil du temps.
    Le mur de la cour palpite de bonheur. On vous invitera à la prochaine kermesse ?

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  3. Sourire, l'on m'avait dit que ce beau moment avait une jolie suite qui pousse sur l'éphémère , c'est parfait...Si je le peux je glisserai bien les yeux en effet ,voir cette jolie suite

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