samedi 14 mars 2015

Radio Marais

Mardi dernier j'étais à la radio. Paris est un village, on croise, recroise les mêmes rues, les mêmes noms, notre présent s'écrit à coups de passages. 

J'étais sur radio marais, rue chapon . rue chapon où vivait une amie, toujours voisine ailleurs. Le marais où je suis né au collage, bêtement parce que j'y passais souvent, sans trop savoir pourquoi maintenant. Il y a tellement de monde, trop de monde là bas. Peut être parce qu'amies lesbiennes perdues de vie depuis.



Radio marais où j'ai déjà venu escorter une belle amie à la voix de velours il y a quelques mois, longtemps déjà.Aujourd'hui c'est ma voix, le velours rouge est pour mes rideaux, niveau voix c'est le nez qui a le pouvoir, le monocorde pour rythmique.

Pour l'émission une nterview, discussion puis un mur à disposition à qui dire bonjour et au revoir. La discussion est chouette, on est bien reçus ici, le temps glisse bien, c'est ne petite bulle furtive, peut être même qu'à un moment j'ai décroisé les bras.

 Avant l'au revoir,je joue avec mes rouleaux de papier, un peu humides ( merci aux murs qui suent ) , il faut passer par dessus le précédent. Argh! C'est criminel de recouvrir, passer sur l'autre tout court, sauf pour rire si il est d'accord . Je "recouvre" Madame, Madame Moustache pour beaucoup, colleuse émérite, goinfre amoureuse d'affiches sur dimensionnées et accessoirement une amie . je recouvre avec un peu d'états d'âmes et de sourires aussi parce qu'on est devenus amis comme ça, parce qu'elle avait recouvert par accident un de mes personnages sur montmartre.



Montmartre...je vais plus là bas non plus, tourisme oblige il y a tant et trop sur les murs, plus de place, juste des spots, dans lesquels je me retrouve peu et puis...Il y a ces policiers en vélo avec qui mes relations sont tièdes bouillantes: "ici c'est chez nous, restes dans ton quartier", Je comprends, les policiers en voiture ont toujours été plus sympas, sur un vélo il doit y avoir un soucis de virilité , c'est courant, sens commun.

Les questions, discussions c'est toujours un peu étranges, chouette quand c'est comme ici, informel et un brin dynamique mais étrange quand même. Je suis bavard pour raconter ce qui occupe la meilleure partie de mon esprit à temps complet mais en vrai de vrai....Vrai de vrai normalement ça annonce un mensonge mais là....même pas.

En vrai de vrai on dessine, on s'agite, on se passionne justement parce que ce sont des moments où on ne pense pas ou alors on pense silencieux juste avec les mains. Les mains se coupent un peu, parcourent une feuille pattes de mouches , plongent dans un pot empli d'odeurs chimiques mais surtout elles ont le pouvoir et le cerveau les suit docilement, baillonné par l'instant le sacripant flagellant.




Ce ne serait pas très poli de dire non, niet, véto alors on répond aux questions presque toujours et souvent c'est chouette mais la vérité c'est que je n'ai rien à dire bien sur , le savoir est probablement un certain avantage, cela évite les prêches et il y a tant de monde , déjà, sur ce créneau là.

C'est passionnant quand même de dire qu'on a rien à dire même si souvent on parle à côté en interview. C'est passionnant parce qu'on se lève le matin en pensant à ce qu'on va faire alors en parler pourquoi pas. Passionnant parce que l'humain est un animal qui rend curieux, c'est pas qu'on se comprenne souvent mais on a plaisir à se croiser pour tenter de le faire. 

Les questions posées en interview , souvent, renvoient à un milieu, au contexte, au monde autour ou à de petits mondes. Je suis de passage, toujours de passage, à côté je traverse les moments, la vie des gens. Je ne m'installe et je ne sais parler qu'errant, calin comme le traversin que tu quitteras demain alors quand il faut répondre à des questions autour de définitions, de mots, de l'histoire de mouvements artistiques ou d'épiphénomènes de foire j'avoue, je ne sais que sourire poliment.

Art, art de rue dit en anglais ( même l'idée de l'écrire me donne des boutons) c'est des grands mots tout ça,c'est pas ça l'histoire. L'histoire c'est vivre, traverser tout ça et manger du bonheur ou en donner si on ne sait pas faire. L'histoire c'est que mes personnages rencontrent pour moi, vivent pour moi, parlent pour moi. Si un passant invente une histoire , les prend pour ce qu'ils ne sont pas c'est une vérité toujours. 

Mais quand même en 2015 je suis un peu devenu artiste, je pourrais dire ça. Comprenez, mes murs suintent d'humidité jusqu'à s'en tacher, je vis dans une pièce, je trouve beaucoup de charme aux yaourths premier prix, l'idée de manger deux fois par jour me parait brillante et mon pouvoir d'achat s'est réduit d'un coup de disette magique depuis que j'ai quitté la fonction publique pour embrasser une voie nombriliste. Je suis un peu devenu un artiste, j'ai payé une paire de lunettes en dessin, on me parle alternativement comme un prince ou un mendiant, ce gentil petit chose qui flotte mollement. Je suis un de ces types habillés en noir qui vivent le luxe de leur passion aliéné par le matériel, parlent d'argent constamment parce qu'ils ne voudraient pas y penser et ont l'indécence de s'en plaindre quand des mères courages se sacrifient autour. Je pourrais dire ça mais ce n'est vraiment pas très intéressant.

Si tu veux écouter radio marais ici tu m'entendras vétu en noir mais surtout la nouvelle, la bonne nouvelle, bientôt c'est la fête: j'expose à paris en avril, tu viens?








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