jeudi 7 mai 2015

Quo vadis?

Pour le vernissage de la dernière exposition interview en anglais avec ze french accent et un bloggeur canadien charmant ( des phrases sans adjectifs redoublés avouons que ce serait peu décoratif). Vient une de ces questions aussi simples qu'à perte de vue: Où veux tu aller? 

C'est terrible ça...Où veux tu aller? Tout ce qu'on peut dire à peu près nettement c'est si on est content ou non d'un chemin , d'où on est assis, debout, couché ( jamais à genoux en public, ça ne se fait pas , même si une petite reine est de jade).

Le fait est que je trouve mes coussins confortables, j'habite une de ces cellules humides parisiennes qu'on nomme appartement, mon conseiller banquaire m'écrit de touchants courriers pour me rencontrer mais ce sont des quolifichés , ça finira en intempéries momifiées.



Non, vraiment, j'aime bien. Ce que j'aimerai c'est que cela coule toujours doucement. J'ai mis dix ans pour passer de petits dessins sous l'arbre d'un jardin public au feutre xxl à des formats qui poussent un peu et bel encadrement. Ca me va... 

Je suis un peu, juste un peu, sorti de l'égo total pour partager des dessins, des émotions, sur papier papier ou sur papier murs avec des personnes que je ne rencontrerai jamais autrement , qui déposent leurs histoires sur mes têtes rondes. Ca me va...

Je porte mes personnages au quotidien, j'ai divorcé d'avec mon métier d'avant où je voulais sauver des bouts de monde, c'était bien aussi mais il y avait un paquet de mais il faut bien le dire.

Ce que je voudrais je crois c'est juste que ça continue, ce que je voudrais c'est continuer à avoir des dessins nouveaux toutes les semaines et qu'ils me plaisent davantage. Ce que je voudrais c'est un puis des livres avec des histoires dedans. Ce que je voudrais c'est ne pas m'adapter, même si ça déçoit parfois, et que mes personnages courent, jouent, vivent et embrassent au rythme de mes mains, qu'ils fassent l'amour aussi, il faut qu'ils fassent l'amour.


Ce que je voudrais c'est continuer à me sevrer puis passionner pour du papier collé sur un mur qui égratigne les mains et lui sourire comme si on s'était reliés. Peindre un jour je ne sais pas mais toujours marcher, déposer, coller, regarder, partir.

Ce que je voudrais c'est continuer à avoir de petites fêtes du papier avec des anonymes et qu'on s'unisse un temps dans ces petites cérémonies avant de se parsemer dans nos vies, nos masures, nos clairières ou nos châteaux.



Je voudrais ça, je veux bien ce bien, le conte sonne rond. Je t'ai pas dit, ce que je voulais c'était pas ça. Je voulais que les voix se taisent, je voulais un autre chemin que celui qui pique, déchire, flétrit. Je voulais et je dis ça, j'ai mis de la joie sur le salpétre. Tu vois, je t'ai dit, j'ai reçu davantage que ce que je voulais alors demain? Demain? On se tape dans la main, on n'en parle pas et on le vit?

Bisou bisou

Photos Camille Zerhat pour les premières, P-Dom pour la dernière

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