jeudi 30 mars 2017

Clap de fin

Cette semaine c'était la fin de la fin de tout ce que j'ai pu faire avec le bon marché. Je suis allé rencontrer une classe de l'école Kusse à qui j'ai offert quelques personnages imprimés sur carton . Je n'étais jamais allé là bas, ils ont eu la gentillesse de recueillir un de mes personnages de papier donc ça m'aurait semblé bien froid de ne pas là bas.

En bon parisien d'adoption je ne franchis jamais la barrière invisible. Le treizième j'y allais pour me faire couper les cheveux dans un salon viet chaleureux comme une épicerie sauf que des cheveux...J'en ai plus , des drames ridicules les ont offert à des prénoms féminins. Le treizième c'est terra incognita désormais.



Je dirais bien que le treizième ce n'est pas comme on croit, qu'il n'y a pas que des asiatiques mais avec la mort d'un père de  famille d'origine chinoise il y a peu qui fait deux lignes dans les journaux, les manifs passées sous silence et le torrent de vannes racistes autour des nems et autres joyeusetées post coloniales je vais laisser ma part aux leebs.

C'est un beau bâtiment, grand, années trente , je ne sais même plus pourquoi je l'ai trouvé beau d'ailleurs, les plafonds hauts sans doute et des briques, les briques c'est la vie et l'exotisme aussi un peu pour un charentais.

Je ne fais jamais de discours aux enfants, je me présente, j'envoie des photos et je laisse venir les questions et les exclamations. Elles viennent sur le grand, le très grand format, sur les monstres, les masques. On les laisse venir et on rebondit dessus, paisiblement, c'est toujours paisible avec les enfants.



Je crois que les adultes ne m'ont jamais que fatigué, depuis que je fais du dessin c'est peut être pire parce qu'il y a toujours ces sous entendus ou affirmations sur la motivation, les supposées pensées carriéristes, les clans, toutes ces conneries sales. Avec les enfants, je me le répète à chaque fois, on parle de s'amuser, de procédés, ça roule et même ils disent merci ici.

Quand je quitte une école j'ai envie de faire davantage , plus. Un peu comme lorsque j'ai vu le sujet passé sur TV monde il y a peu, l'équipe a été si souriante et attentive que ça se voit un peu à l'image je crois et quand je l'ai vu je me suis trouvé triste, nasillard mais j'ai eu envie de faire, de ce pas grand chose qui fait que je peux venir au monde  et donner-recevoir quelque chose.



Faire, après l'école je cherche un lieu à clin d'oeil. ce sera un pont tout proche. Le gérant du café d'en face sort, traverse la rue et m'apostrophe " chef, tu mets quoi là parce qu'on me met plein de tags?". Il regarde et me donne l'autorisation, l'autorisation, c'est fou comme un mur froid peut avoir de nombreux propriétaires.

Plus loin un passant me désigne un immeuble de dix étages en me disant que c'est à lui. Il m'appelle "monsieur"comme il me cracherait "connard" au visage et lui aussi il veut voir et approuve. C'est juste qu'on ne sait plus se parler au fond mais est ce qu'on a su le faire un jour? Il faut comprendre aussi, sur les murs en ce moment il y a ces hommes en complet cravate et cette femme. Ils sont partout, ils sourient comme on crierait et ca descend bas, toujours plus bas. Le passant anonyme il croit parfois que je maqueronnise, que je banqueroute, que je fillonise, non , non je sème, je m'attache à des minutes, rien que ça. On devient tous poujadistes alors on voit des ogres partout.

Le métro m'avale, je ne suis plus là.


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