jeudi 10 juillet 2014

Je veux retourner là bas

Hier soir à 21 h 15 j'étais assis et plusieurs fois dans la journée j'étais assis. J'étais assis à dessiner pour le dépôt de dossier de "Je suis un monde englouti" , un film d'animation en gestation.

J'étais assis à dessiner aussi en attendant Monsieur Erdf pour qu'il m'installe l'électricité après coupure brutale pour non communication de chiffres sur compteur. C'est absurde, ils changent tout le temps ces chiffres mais la dame l'a dit en haussant le ton comme si j'étais un petit garçon ayant pris deux desserts à la cantine: c'est votre faute!

Je vous jure , je suis honnête, j'ai juste l'esprit de vengeance, c'est la faute à Edmond Dantès, aux béruriers et aux crochets.




J'étais assis et ça fait du bien parce que qu'est qu'on coure, qu'est ce que ça fait mal.

20 heures je suis dans mon restaurant thaï végétarien avec Adama qui est belle comme jamais, faux boeuf, faux poulet, faux je ne sais plus quoi et vrai repas simple et délicieux, tout va lentement, tout va bien.

Ensuite rue du faubourg du temple, on monte, juste un peu, on tourne, juste à droite et c'est me théâtre de Belleville. On s'assoit, juste à gauche. Il y a Erwan en guest, du peu que j'ai vu un monstre sur scène et Thibault. Monsieur Belleville c'est Thibault. On ne se connait pas, on se dit bonjour. 

je crois que ça va de ne pas connaitre les gens, de dire bonjour, de faire des apparitions déguisé en clown, en fée ou en sage. Apparaitre, disparaitre, de près je ne sais pas trop faire, je ne sais pas trop comment on vit avec les gens. Disparaitre c'est bien.

Monsieur Belleville c'est un homme à bonnet noir et cheveux longs qui marche, qui arpente le plus beau quartier de paris. C'est belleville de bas en haut, de gens , des lieux "mythiques" pour un quartier qui y vit. Des inconnus, des têtes familières. cela s'envole vite, cela redescend peu. Il délire un peu, invente, vit la rue à grands coups de souliers, d'observation largement diluée à l'imaginaire.



On rit, on est touché et puis en invité surprise j'y vois mes dessins, deux, trois fois. Ca me fait sourire grand, deux, trois fois. Ils viennent en flash puis ils ont un grand rôle, fixes sur l'écran pendant que les protagonistes parlent de rien.

Je sourire, je mal dedans aussi parfois, je suis touché quand ils parlent de sexe, amour et solitude, de course et de lenteur. Je suis touché en voyant passer les rues de ce quartier qui m'a adopté un an et demie. Putain, j'ai déserté...Je voudrais retourner là bas, quitter ici , retourner là bas, dans le plus beau quartier de Paris. Monsieur HLM , offres moi un toi.

Je revois, je comprends à nouveau pourquoi j'ai eu autant de mal à dépasser une frontière invisible là bas. Pourquoi j'ai collé frénétiquement autour d'une poignée de rues au point de donner une unité au quartier selon l'un, de le pourrir selon l'autre, les deux thèses me paraissant...excessives?

Je revois le bonheur qu'il y a à marcher, glisser, admirer les femmes, ne parler de rien mais avec gourmandise. Marcher, déposer rien, laisser rien de papier vivre sa vie. Monsieur Belleville parle avec les mots de ce que j'essaie de faire avec brosse, colle et taches sur vêtements et trottoir.

Folie douce quand une spectatrice est invitée sur scène, je ris, je ne vois plus rien, c'est emma et ses cheveux d'or, son énergie généreuse et folle. Elle porte un de mes tshirts et me le montre. C'est soirée bonheur



Après c'est après, de la limonade et du vin, une brune géante fait des sourires rouges en embrassant son copain, elle doit aimer un peu mes trucs, je ne vois que ça, ils en ont de la chance mes trucs de papier. Ils peuvent rester, ils savent parler , aimer, partager. Je glisse, je reviens avec des petits cadeaux, pas pour revenir, c'est une sortie.

Je glisse, c'est la nuit, les gens rient, tapent sur des rideaux de fer, se faufilent, sont assis, c'est la nuit. Je marche , je suis plein de mots t j'ai faim de papier.

Monsieur Belleville joue encore avant trois nuits...





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