lundi 3 juin 2019

Richard toi

La mémoire c'est mal organisé, on se souvient du moment où l'on perd les gens mais rarement de tout ce que l'on a partagé avec eux.

Je ne sais pas quelle est la première fois que j'ai rencontré Richard mais je sais que c'était toujours bien, pas tout ce qu'il a été mais de qui il était.

Un bonhomme à plus grand sourire que grosse tête, richard disait toujours qu'il était moche avec sa grosse tête. On ne pouvait pas être d'accord, je dessine des personnages à grosses têtes et il est une des plus belles personnes que j'ai rencontré de ma vie, que ses photos rendaient hommages à tous. Qu'il nous aura rendus beaux...






 On est tous un peu en guerre, relous avec nos paranos nos charrettes de traumas, complexes et vanité, Richard ne partageait que de la douceur, quoi qu'il y ait derrière.



C'est ce que je voulais dire à sa cérémonie funéraire, on fait le malin dans sa tête, on dira ci on dira ça et puis le moment venu c'est l'extinction dedans, la voix gargouille et les yeux débordent, j'ai rien dit ou presque, à peine un plan , tout juste un presque.

J'ai encore l'impression qu'il va débarquer avec son sourire immense, ses trois mots en français, le reste venu des Etats Unis, ses bras qui enveloppent, ses mots qui encouragent et son absence de négativité. Qu'il va débarquer et qu'on va se refaire une ballade à pied  ( le métro n'a pas de chance, il n'a pas connu Richard Beban), que je grognerai un peu sur les péripéties rencontrées parce que je suis un âne et qu'il jouera le centre de gravité.




On collera, surtout moi, on photographiera, seulement lui et les jours d'après j'aurai des cadeaux. J'en ai eu à presque chaque expo, il est venu dans chaque appart, même le plus laid, a pris mes amies en photos, des ateliers, beaucoup , souvent.

J'ai eu la chance de rencontrer cet homme là, son épouse et amoureuse ( les plus de cinqante ans amoureux romantiques ça me touche toujours, ça donne espoir) disait que pour une femme il apportait la paix, étant dénué de toute envie de domination, apportant la paix, l'amour, la liberté.




Ses amis ex hippies, militants d'une autre époque et des mêmes causes finalement sont venus dire tout ça avant que des fleurs flottent sur la seine. C'était le jour pour se dire qu'il ne reviendrait pas , je n'y crois toujours pas.

Merci Richard Beban, j'aimerais croire en un ailleurs pour qu'on se retrouve, j'aimerais te dire au revoir puisque tu es parti 24 heures ou plutôt des années trop tôt; je vais juste me souvenir, je n'y crois toujours pas.


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