mardi 6 février 2018

Petits voyages et grandes rencontres, de la tendresse dans mon bordel

Le dessin m'a fait aller là dont je me souvenais peu, là où je ne suis pas allé, là où j'irai peut être à la différence majeur qu'avec lui c'est en souriant.

Il y a eu l'école, des écoles, ces lieux étranges où fleurissent dessins merveilleux et tables pour liliputiens. Ca n'a rien d'extraordinaire en soi mais c'est toujours ce qui me saute aux yeux en premier les minis tables, les minis chaises puis les maxis cris car l'on crie bien plus haut que l'on est là bas.




Une des dernières, peut être la dernière fois d'ailleurs a été un bien beau cadeau. Je n'ai rien fait , cette fois là, je suis juste venu voir un défilé de mode, celui de la classe de Julie, rencontrée parce qu'on a quelques accointances décibéliques en d'autres lieux parisiens.

C'est à Belleville, en remontant vers les buttes, là bas sur la gauche, à mi chemin depuis la maison qui est un appartement car on est à paris, non mais, deux pièces, déjà, c'est palais.




L'école (maternelle) défilait toute entière sur le thème "street art" et chaque classe avait son ou ses inspirations. Pour la classe de Julie c'était mes personnages. Vingt enfants fiers ou timides ont défilés sur un air de..;soul si je me souviens bien avec des sacs à pains graphiques, noir et blancs et des masques du même acabit à têtes de monstres ou personnages inspirés des miens.Cadeau...







Ils ont la taille des minis chaises, des minis tables, de la lumière dans les yeux et c'est juste merveilleux. Ce jour là c'était un moment d'à quoi bon. C'est toujours un peu lourd, un peu encombrant un jour "d'à quoi bon", ca dit qu'on tourne en rond, on grisaille , on marasme, on s'épouvantail. Voir une vingtaine d'enfants joyeux , partager des cadeaux, faire des photos ( triple andouille j'étais venu coloré et démasqué quand ils étaient tous de noir et de blanc, visage recouvert d'une tête d'occasion) ça vous fait sortir de là ivre sans alcool avec l'appêtit d'un ogre. Si on fait rire et sourire de petites bandes comme celle là...


D'autres fois ce sont des lieux totalement inconnus, dont on a tous entendu parler, tous, avec nos projections, appréhensions, images.

En novembre, décembre dernier j'ai rencontré un groupe d'adultes fréquentant un hôpital de jour, en psychiatrie donc et quelques infirmières, psychologues par la même occasion.

La maladie et plus encore la maladie mentale donne l'impression d'effrayer à la fois par la proximité et la distance. L'idée d'une différence insurmontable et celle d'une passerelle possible, les deux notions semblent effrayer parfois, déficit de normalité, contagion possible.

L'école c'est revenir vers de vagues souvenirs, l'hôpital c'est autre chose. J'hésite à poser des questions sur le fonctionnement, les personnes et puis...je préfère venir rencontrer des personnes comme d'habitude même si l'habitude est petite.



Il faut dire que le cadre inspire confiance, quand on arrive dans un lieu on sent souvent une ambiance. Sur de l'imperceptible, à attendre, é couter, à compter les "bonjour", les sourires ou les grimaces. Ici j'ai l'impression, juste l'impression qu'on vit bien ensemble. Peut être suis je dans l'erreur mais si certains lieux donnent envie de partir à reculons, tout doucement, sans que personne ne se soit rendu compte que vous êtes entré, ce n'est pas le cas ici.

J'arrive donc avec mes questions pas posées, mon interrogation quand aux autres un peu dissipée par une visite de contact où j'ai croisé quelques personnes que je rencontrerai ensuite.

Un petit groupe de personnes , attentives, tous différents comme un groupe de personnes eut l'être, j'identifie très bien les deux infirmières puisqu'on s'est rencontré pour parler de l'intervention mais il y a un jeune homme que je vais prendre un long moment pour un de leurs collègues. Il est actif, prévenant, apporte le matériel, perdu...c'est un "patient".




Je ne viens  pas transmettre une technique, donner un cours, seulement rencontrer, partager un chemin, ce qui m'a amené d'un dessin sur une page de cahier à ma présence ici avec des étapes, des moments, des visages et des mots entre les deux.

C'est un groupe qui à l'habitude du discours psy alors quand j'explique avoir refusé les premières propositions d'exposition pascal me répond doctement "vous n'assumiez pas encore".  L'ambiance est détendue, souriante, avec les infirmières l'on sent une relation d'humanité, de confiance et d'humour, c'est plutôt rassurant. Si il y a une gêne elle est plutôt pour moi, je suis seul avec un groupe. Chaque semaine je me sentirai avec et encore moins face même si on ne se connaitra pas et un peu quand même.



Je ne sais pas ce qu'ils garderont eux. Je suis venu chez eux avec des images et des mots, on est allés dans la rue pour que je leur présente des collages que j'avais choisi gigantesques, pour leur donner à voir plus, on donne toujours plus d'images pour des yeux attentifs.



Ensuite c'est à eux de dessiner, avec appréhension , minutie le plus souvent, des dessins d'adultes qui ne dessinent pas ou peu donc des dessins d'enfants. Si j'avais un peu de mémoire je me souviendrais du prénom de la personne qui m'a dit qu'en dessin ce qu'il faisait était "génial" avant de reprendre la parole pour détailler: "Génial parce que cela me tombe dessus puis ça s'en va".







On oublie des noms mais il y a ce que l'on n'oubliera, des bribes , des sourires, des morceaux d'humanité.

Deux séances de dessin et puis j'apporte leurs agrandissements, grands ou immenses pour lesquels chacun a choisi son emplacement. le plus discret, le plus mutique de ces dessinateurs de deux séances a donné vie à un personnage de papier d'une grande douceur, sans surprise il le cache dans un angle, à contre sens des regards ascendants.





On-je -nous collons puisque tout le monde s'y met . Peut mieux faire car j'ai sous estimé la taille et pas vraiment le matériel adéquat mais on s'y met, petit à petit les dix personnages ont pris place et déjà je n'ai plus complétement la mienne. Ca passe vite six séances qui deviennent des rendez vous , un rendez vous on y va en marchant vite, on en repart léger du jour restant.

On se revoie rue des cascades, là où j'expose mes dessins , format d'intérieur, les "vrais", encadrés. Dans la rue je me suis permis de coller les leurs qu'on prendra pour les miens. Parce qu'on finit toujours par des cadeaux même quand j'ai l'impression qu'on s'en ait fait pas mal.








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