samedi 4 août 2018

Tu veux une sucette?

On devrait toujours écrire aujourd'hui. Après il s'envole, il est replié, étiré, déformé par tous les aujourd'hui d'après. Il est déjà ébréché d'hier.

Aujourd'hui d'hier j'avais rendez vous à Alexandre Dumas avec C. Est ce qu'on peut avoir rendez vous à meilleur endroit qu'en un lieu portant le nom de l'ogre qui enfanta Monte Christo , les mousquetaires du roi, la reine Margot et agita les guise?

Mon diable à roulettes est avec  moi donc avec nous, j'aimerais dire qu'il faisait froid, ce serait exotique mais du plomb, seulement du plomb et j'essaie d'admirer les parisiennes avec une discrétion qui ne fera pas de moi un chien de plus rendant fou par la peau.

Des pas à deux,des mots à deux. Des bêtises et des récits autour d'une table, curieusement il faut être si proches pour apprécier avec gourmandise la superficialité de nos petites histoires. Sans ce lien, qu'est ce qu'on baille, qu'est ce qu'on regarde l'heure en pensant à comment on la peuplerait seul.

Seul à nouveau, quelques pas plus loin je dépose mon personnage sans visage inspiré de la pochette d'oi polloi, anarcho punk gaélique et de monty pythons, pourtant on me dit Magritte alors pour faire plaisir, parce que ça rassure disons Magritte, peut être Magritte.




Un hachoir et un mouton, "dessine-moi un...", dessin pour une exposition "1968-2018" qui parle de politique un peu , de végétarisme un peu, de ce qu'on veut beaucoup.

Le passant qui passe ouvre son téléphone pour me montrer sa collection de photos de la rue, de rue, donne ses dates, j'écoute, pour faire plaisir, ça le rassure peut être, comme un selfie, des amours, l'argent, des ronds dans l'eau, on se rassure comme on peine.




Plus loin le chevalier au dragon dont le visage fermente s'adosse à un mur qu'il dépasse un peu. La passante n'est pas marquée, elle a cassé,. Elle a cassé dedans, ça se voit. On fait tous les malins à exhiber nos fêlures et prétendre être revenu de tout pour être certain de ne pas aller nulle part mais elle..elle est cassée,avalée par ses malheurs. Je réponds aux questions, pour faire semblant de discuter, peut être que ça rassure .

Des pas, encore des pas, la colle coule parfois à travers les sacs percés. Je pars chercher un paquet, pour "raisons techniques" la poste l'a placé dans un relais autre que celui choisi, à trois kilomètres, pour des raisons pratiques j'ai juré grossièrement en l'apprenant mais c'est comme ça. Si on est un pays de service alors il s'adresse à une confrérie masochiste. Les coups, les coups, pourquoi pas mais il faut choisir qui les donne, trois kilomètres...c'est bas.




Retour, longer le cimetières des sommités. Une jolie place en briques pour coller deux messieurs amoureux que j'ai vu sur scène chez Madame Arthur, pour des soirées toujours merveilles. Portrait cadeau parce que dire merci n'est jamais inutile. Eux, du rouge, de l'or pailleté et une phrase qui les enlace.

Derrière arrive une dame à fauteuil électrique. " Ca c'est beau. Là je veux bien. C'est pas comme ces saloperies de tags. Je leur tirerai bien une balle dans la jambe" . Peut être qu'elle se rassure, peut être que ça lui fait du bien mais je ne reste pas discuter des balles dans la jambes. je croyais que c'était dans les genoux les balles pas à blanc. Tourments.



Retour, des pas, encore des pas. Dessiner un peu. Découper un peu je crois car la mémoire ment peut être. Courir, aller courir. 37 minutes. 37 minutes c'est certain parce que c'est mon plus long de ces dernières semaines. 37 minutes, fin à 22 heures, belle journée, bien être. J'ai couru "vite", serein. Je respire, marche, fumant de partout et souriant comme un âne.

22 heures et ce petit jeune homme s'arrête aussi de courir, mêches ondulantes cheveux mi longs, barbe, vêtement nets. Il sourit, tellement qu'il grimace. Il gonfle tellement les pectoraux qu'il se déforme. Il faudrait leur dire à tous, si on n'est pas musclé on n'est pas musclé, se tordre est inutile. Imaginez qu'on casse?



Il s'approche et marche en parallèle, les yeux au dessus de sa grimace dans les miens alors je demande si o n se connait car j'ai légué ma mémoire en route quelque part ailleurs comme les livreurs de la poste sauf qu'eux ils doivent revendre.Ca ne vaut rien une mémoire percée.

Il répond non , il répond que non mais il demande " tu veux une sucette?".

Dedans ça grogne,  dedans on voudrait qu'il ait mal. Mais...j'ai un peu l'habitude hébétée et puis...il est 22 heures, c'était une belle journée. On ne va pas...s'hystériser pour avoir croisé un chien rendu fou par la peau à Paris.

C'était aujourd'hui.


dimanche 15 avril 2018

Beauvais c'est dans l'OIse

Beauvais c'est dans l'OIse mais pas vraiment. Beauvais c'est dans le temps aussi que ça se situe et Beauvais c'était il y a longtemps.

Quatorze ans d'âge et après , pendant un temps entrecoupé, années fin 80 parce qu'avant c'était juste sankukaï, Homère et Alexandre Dumas . Les cheveux en l'air et savonnés ou le crâne rasé de près, coupé parfois souvent parce qu'un rasoir sur un crâne bosselé ça laisse du sang sur les marques de forceps, déjà deux mains gauches, pas encore de dessin autant.




La musique ne sortait pas de câbles pour s'afficher par un écran. Elle tournait sur des platines ou par bandes qui finissaient effilochées, se racontait par des photocopies sur papier et la poste ne volait pas encore autant ni ne vendait n'importe quoi.

La musique c'était la notre puisqu'on se construisait des réseaux , brassait du vent et aussi des idées , la plupart ont divorcés d'avec elle après l'adolescence , peut être que tous ont gardé quelque chose. On disait s'éduquer nous mêmes par ces musiques, ces fanzines, ces réseaux. Je suis devenu végétarien par la musique, d'autres politisés , artisans artistes, on a tous découvert  par la musique, une certaine notion d'entraide, implicitement, une envie de faire, d'appartenir à des courants d'émulsion.



C'était avant que l'ego ne gonfle tant, avant les selfies, l'envie d'être connu, le besoin d'être tous d'être artistes. J'aimais déjà pas trop ce mot, on parlait parfois de bruit et pas de musique, de fanzines, pas de journaux , pas d'artistes, de surhommes et de VIP mais des gens qui font des choses. Les sex pistols sont autant un boys band casté que des déclencheurs mais ils ont permis sans doute cette idée que la technologie rendra encore plus facile d'accès: pas besoin d'être musiciens pour jouer, raconter des histoires.



On écoutait de la musique qui racontait des histoires avec tous une part de fêlure, révolte, colère, sociétale ou personnelle simplement . Mon fanzine avait un nom, je correspondais avec d'autres qui en avait d'autres dont un "Pour la gloire" , beauvaisien. Pour moi Beauvais était donc une ville à musique, Oi et reggae ska puisque j'ai découvert beaucoup de bonnes choses par des envois de cassettes enregistrées là bas.



Les années passent, je continue l'aller retour avec la musique, je viens à beauvais sauter d'une scène avec un sweat shirt à capuche trop grand et pas beaucoup de kilos. Je suis le "michael jackson  du hardcore français" d'après un mhedi qui était l'enfant de drowning, à creil, amiens,beauvais, je ne sais plus. Un Phil organise des concerts, il a une gentillesse absolue et l'instant d'après il saute sur un imbécile qui a mal parlé à sa femme, ombre et lumière ou rétribution, dance floor justice, allez savoir.





Les années continuent de passer, je m'éloigne de la musique à cris, idées , résonances, je trouve qu'elle s'établit, ressemble à ce que je n'aime pas du rock'n'roll et puis j'épouse le travail ,saleté, j'y entre comme dans une secte, je renie le temps libre, les loisirs et les passions. Il y a des pratiques qui sont des poisons. Si c'était à refaire...mais on refera pas, on sait qu'on refera. Enfant on croit qu'on va grandir, qu'il faut çi ou ça, on va juste vivre, c'est déjà pas mal beaucoup.




Je revois Vincent à un concert que je fréquente par opportunisme, parce que je renoue avec plaisirs , passions, fondatrices. Vincent de pour la gloire, de youth of zarma, de flex your head, de Beauvais.A l'époque c'est un homme doux, calme, bienveillant et qui dégage du calme.





Je dis que je viendrai, quand on aime bien ou beaucoup les gens ont dit toujours qu'on viendra, parce qu'on veut venir, vraiment mais après il y a l'agenda, l'idée qu'on se fait du temps, des dates, de l'argent, les chiffres et les minutes pas prises nous dévorent de gris.

La semaine dernière il ne faisait pas gris à Beauvais, j'ai pris le temps grève SNCF-ça-va-je-suis-assis pour aller visiter l'ASCA, association culturelle du quartier argentine où je collerai un peu ou beaucoup pour leur birthday party ( en 2018 il faut des mots anglais , c'est plus nouveau monde comme dit l'évangéliste de l'élysée et comme font les publicitaires de toujours).

la semaine dernière et jusqu'à nouvel ordre  Vincent est un homme doux, calme, bienveillant et qui dégage du calme. Il porte un sweat shirt "Flex your head" des trente ans du label dischord, disque qui nous a marqué tous les deux , on se connait depuis moins et on a plus.





J'ai pris des personnages, on se promène avec eux. Vincent m'a fait une place dans sa maison de briques, là bas les briques c'est des briques, pour moi c'est exotique. C'est assez propre Beauvais mais avec l'oeil du local Vincent .On se promène, il avait trouvé avant, moi parfois aussi. On ne tartine pas mais on trouve du chouette.







Le soleil brille, ma toux me donne l'énergie d'un grabataire mais elle passera. Je crois qu'il n'y a rien à dire de ces deux jours là, du silence, des pas, du soleil, du bien être, quand il n'y a rien à dire c'est qu'il y a beaucoup....







Je reviendrai avant vingt ans...Je suis obligé mon premier collage a déjà une moustache, les collages ils portent des bites ou des moustaches après, c'est universel la bite et la moustache, on revient toujours à l'universel.


dimanche 26 février 2017

Tout à signaler

Vendredi c'était le dernier jour d'ouverture de mes imprimeurs de lasergraphie avant le concert de RAS au gibus avec de petits points entre les lettres comme rien à signaler ( devenant "tout à signaler" à la fin du morceau éponyme et éponyme permet de se sentir intelligent à peu de frais).




R.A.S, groupe assez mythique de banlieue des années 80, des prolos blancs faisant de la Oi / punk à la française à une époque où cela n'existait pas et où l'on prenait bien vite tout skinhead pour un raciste bas de front. Les premiers skinheads existent en angleterre à la fin des années 60, ni héros ni zéros ce sont des prolos, revendiquant leur lien à la classe ouvrière, s'opposant aux hippies, cultivant l'esprit de bande, un certain goût pour la violence et constituant le public de base d'artistes de reggae-ska jamaicain. 



Dix ans plus tard ils reviennent comme une version différrente du punk, une partie de cette jeunesse anglaise étant récupérée par le national front d'où la confusion établie entre skins et racistes éructants.

Bref, RAS pour moi c'est un disque acheté à 14 ans avec leur version comique hurlant " Kromozon 4" et leurs cousins de "l'infanterie sauvage" , c'est une spontanéité, une belle écriture et une gouaille de banlieusards parisiens.

Là , tout de suite il y a une espèce de fanfare dans ma rue, c'est bien, je respecte, ils doivent être heureux tout ça mais mes percus culturelles à moi c'est le punk, la oi! , le hardcore et tout ce qui s'est ajouté après parce que ce serait dommage de mourir cloisonné, qu'on a besoin d'écouter autre chose que de la colère aussi. C'est RAS, sherwood Pogo, LSD pour la france et bien d'autres d'ailleurs.

Le lien entre mes dessins et cette culture là il est...un peu masqué et pourtant...le punk c'est aussi des textes poétiques, une échappée, des envolées et pour les anglais surtout également des mélodies et chansons d'amour.

Je vais jeter de l'eau sur les percus et je reviens...




Une envolée, une échappée et des dessins, de l'image, partout beaucoup. Des pochettes de disques dessinées,des livrets avec des textes et les fanzines, des interviews,chroniques,photocopiées, agrafées, avec le temps on passe à l'impression mais au départ c'était colle, machine à écrire et photocopieuse. On se les envoyait par madame la poste qui était plus honnête et fréquentable à l'époque. Le courrier avait même  tendance à arriver.

J'ai grandi avec ça autant qu'avec Vian, le monty pythons,des gravures accompagnant le grand alexandre dumas , de la bande dessinée et quelques merveilles de films d'animation alors mes dandys en cravate et mes enfants perdus ils tiennent aussi de ces enfants perdus là.




Ce vendredi j'ai dessiné quelques jeunes gens à l'allure ad hoc, c'est compliqué de dessiner autre chose que mes poupées à l'effigie de mes émotions, ce risque toujours d'être un peu plat, un peu vide d'où mon à peu près impossibilité à dessiner pour autrui mais..Ca fait envie le clin d'oeil alors à toute vitesse, l'oeil sur le chrnomètre qautre personnages. La première version je la rate sur le dernier personnage, je pourrais scanner les trois autres mais les dessins, je les aime bien entiers alors rebelote et départ en trombe pour récupérer les impressions.



Marche rapide mais pas forcée parce que j'aurai bien souri, souri bien avec eux, par eux. Samedi matin fin de découpe, mini coloriage, petites reprises sur des ratages et je pars les poser près du Gibus, salle mythique parmi le mythe d'années 80 que je n'ai pas plus vêcu de l'intérieur que toutes les autres.

Ils finiront au dessus du lit en carton d'un monsieur de la rue, ils sont là pour sourire à qui ira là bas et dire merci à un bout de vie avant que dans quelques heures ce soit karaoké pour" punks, skins et totos oi". Ils vivront peu parce que le revétement decette vitre les chassera au bout de quelques heures,j'irai les réparer tout à l'heure , à moins qu'il ne soient tous partis comme celui qu'une main a dérobé cette nuit mais...on ne vole pasles souvenirs, on les partage (c'est une chute non?).