vendredi 21 juin 2013

La fête de la défaite

Les bons moments on se les construit, on va vers eux. On se les crée, parfois on a juste fait un petit pas et il y a un feu d'artifice mais quand même , au départ on a fait un petit pas.

Les autres, les moments sales il n'y a pas besoin , ils viennent tout seuls. C'est pour eux qu'on se maquille, c'est pour eux qu'on écrit, qu'on dessine, qu'on court. C'est pour eux, pour qu'ils n'aient pas toute la place.

Ce matin ce devait être un bon moment. Ce matin je collais pour Richard. Richard c'est un type bien, drôle , intelligent, respectueux et qui me donne une belle aide pour un projet. Alors je lui ais donné rendez vous pour coller immense un dessin qu'il aime, un dessin de pluie, de mélancolie sous la pluie. Un dessin où un personnage se fait pousser quand même un abris, parapluie, plante, dôme,fusée.




Sauf que tout grince, que je me trompe de rue pour le rendez vous parce que les noms de rue il se trouve que je ne les retiens pas, jamais, jamais. Une demie heure plus tard quand on se retrouve il y a ce monsieur là qui approche. il est aimable, correct mais il est policier, service salubrité dit il. Je ne lui demande pas son nom mais il note le mien, mon téléphone, mon adresse. Le responsable de l'affichage m'appelle quelques minutes plus tard, il me connait bien visiblement, enfin pas moi mais mes personnages de papier, des articles sur moi.

Il est correct lui aussi mais il dit la loi et avec la loi il dit stop, il dit plus jamais. On peut pas s'étonner, c'est la loi. On ne peut pas parler de joie, de sens de la vie, de partage parce que c'est la loi et qu'en effet ça gêne, ça peut gêner et que des gens se plaignent. On peut pas s'énerver parce qu'en effet si tout le monde collait partout ce serait beaucoup comme il dit.

On peut pas et il dit qu'on ne peut plus, sauf si des propriétaires donnent leurs murs, sauf si la mairie donne des murs.Il dit qu'à chaque fois qu'on recommencera ça coutera une somme qu'on n'aura pas. Il dit aussi qu'il faut enlever ce grand machin qu'on aimait , de trois mètres sur beaucoup parce que sinon il y aura ne somme à payer qu'on n'a pas. Alors on l'enlève, on pleure pas mais c'est juste parce qu'on sait pas pleurer.

Bien sur on peut suivre les conseils donnés, chercher des personnes qui donnent un mur, bien sur, peut qu'on en trouvera un ou deux, peut être...On peut écrire à toutes les mairies du monde, il y en a peut être même qui répondront un jour mais...C'est tellement pas ça l'histoire.

En vrai on ment toujours quand on raconte pourquoi on dessine, on parle de la joie et toutes ces conneries et c'est un mensonge de vérité parce que cela existe, parce que c'est un grand bonheur éphémère, provisoire qui vient avec le mur mais on ment un peu quand même. On dessine, on colle parce que ça rend vivant, parce que c'est la vie, parce qu'on se trompe à chaque fois dans la joie alors...on fait quoi maintenant?

C'est la fête de la musique, on ne va jouer un requiem.

4 commentaires :

  1. on continuera à vivre ... les hauts et les bas comme on le fait depuis très longtemps.

    j'espère que ce sera avec la joie de voir vos dessins par ci et par là car ils m'apporte toujours du bonheur, même dans mes moment mélancoliques.

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  2. Oh je suis désolé d'apprendre ça, ce dessin au personnage qui fait pousser son abri dans la terre était plein de douceur. J’espère que ça ne t’empêchera pas de continuer, tes dessins sont merveilleux, je souris et je rêve un peu à chaque fois que j'en croise un. Ils habillent un mur et ne le dégradent pas comme se plaisent à dire les gens de la mairie.

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  3. https://www.facebook.com/lila.skarveli

    Merci la France. Aseptisée, clean, « propre », ou tout est règles et régulations et interdictions - pour notre bien quand même ! - peut pas fumer, peut pas boire, as-tu mangé tes 5 fruits et légumes par jour – ben au prix qu’ils les vendent, non j’ai pas pu - attention ceci, attention cela, ne vis pas, encore mieux et maintenant des amendes pour les artistes par le service salubrité de la Ville, rien que ca.
    Fred le Chevalier doit payer 1000 euros d’amende chaque fois qu’il collera sur un mur.
    On est loin des jours ou les Parisiens pouvaient découvrir émerveillés Arthur Rimbaud sur les murs de leur ville, posé la pendant la nuit par Ernest Pignon Ernest. Si c’est pas la honte. Pauvres Parisiens.
    P.S. Fred participe au festival de l'art de la rue à Athènes. Je l’inviterai pour coller à Pristina ou personne ne lui infligera d’amende.

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  4. Et bien si vous venez un jour à Dijon, vous aurez tous les murs de ma maison qui donne sur une rue passante pour coller vos dessins tellement poétiques qu'on se demande bien pourquoi il y a des gens qui rouspètent et appellent du coup le service de la salubrité ! Caroline

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