mardi 21 janvier 2014

Il, elle et eux

"J'adore ce fille , il a une belle énergie" . Ça c'est Karl, Karl  c'est mon tatoueur et il est un peu Jane Birkin. Pas qu'il est posé nu dans les années 60 mais il est américain tendance féminin, masculin, on met dans un chapeau et comme on sait pas quoi dire on pioche au hasard.

Mes dessins, mes collages, ils "karlifient" un peu , beaucoup, ils floutent les ils et les elles, ils féminisent les ils. Je savais pas au début. Au début tu ne sais rien, juste tu fais ne fois que tu sais ce n'est pas vraiment gênant. C'est pas pour faire genre, c'est juste comme ça.

Quand je colle, quand je marche avec mon uniforme noir et taches il y a toujours des échanges, des discussions. les mots viennent souvent glisser sur le il et le elle.

Avant hier j'ai collé " on ne devrait jamais être d'accord avec ses démons". Mon alter égo de papier y est buste, membres disparus, arrachés peut être, dans la gueule d'un monstre lui lacérant le corps. Métaphoriquement ou pas, emporté par ses peurs, par ses doutes.

Un jeune homme s'arrête, deux têtes de plus que moi , un brin ailleurs. Il s'arrête les yeux intrigués, amusé un peu je crois et aimant les mots, ça s'entendait encore plus que cela ne se voyait.Il décide d'analyser après m'avoir demandé ce que je voulais raconter. il tâtonne et avance par certitudes progressives comme de petites pierres posées pour traverser un cours d'eau.



"Donc c'est une fille, c'est sur c'est une fille et là il y a un gros chat. Elle a peur du gros chat parce qu'elle se refuse et qu'il veut quand même l'approcher, la toucher ."

Les histoires des gens elles épousent parfois les tiennes, à d'autres moments les contournent mais ce sont toujours de beaux cadeaux. C'est toujours magique de poser et ensuite d'écouter, d'écouter l'histoire de l'autre, son histoire par l'autre.

Les ils et les elles interchangeables ils barrent peu l'accès aux histoires. On devrait pouvoir les inter changer ailleurs . C'est peut être parce qu'on les échange peu qu'on se déchire pour savoir qui conduit les camions, porte des bas en étant élégant ou pervers, qu'on vote depuis peu ou longtemps, qu'on marche seul à deux heures du matin le corps en paix ou en rasant les murs. C'est sans doute pour ça mais ce sont d'autres histoires. 

Le monde hurle, on dansera quand même . Si le monde ne se Karlifie pas on ne scarifiera pas .







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