lundi 30 novembre 2015

Have you got ten p?

Matin découpe, découpe, tas de papier qui monte, déborde , entoure le lit bateau du studio réduit.Bouilloire, eau versée, la colle pate devient liquide et partir.

Retour d'un rituel avec A. , Madame qui n'est pas ma dame mais Madame comme Madame moustache, acolyte amie en promenades collage et gloutonnerie autour de petits déjeuners. Aujourd'hui on ne mange pas, juste on thé, thé, café et parle , parle, parle. Elle de son voyage en Haii, moi de rien et voyages intérieurs. Le sien est plus coloré.

Départ vers la place d'à côté, mur rituel. c'est chez elle , son quartier, ses rues, "le quartier" on dit le quartier comme on dirait ici, la maison, le village ou le bled pour qui mange épicé.

 Les rouleaux de papier et la perche ayant des allures de signature elle a droit à des sourires et des merci sur le trajet. Tout doux.

Grand mur devient petit puisque Madame c'est toujours plus, plus, plus et là ça fait 5 mètres et une découpe étrange. On colle à deux, c'est la seule personne au monde avec qui j'ai l'air d'un bricoleur puisque j'utilise des outils qu'elle oublie, néglige systématiquement. On colle à deux, rouleaux et perche lourde dans mes mains, deux perches pour dérouler , aplanir le papier le long du mur.

Lentement, tranquillement, trop tranquillement, bourrasque, grosse bourrasque, un pan de papier se tord. Pour ne pas le perdre elle part chercher une échelle, je reste plaqué au mur en essayant de sauver le papier, on fait corps, je dois être né pour ne faire corps à coeur qu'avec du papier et des murs, qui sait.




De retour, ciseaux, on découpe les deux derniers mètres, les place au sol, laissent sécher, continue. Toujours des passants, des passants qui ne se ressemblent pas, lui parlent, nous parlent, je décline, aujourd'hui, là , tout de suite je ne suis que des bras et un peu de voix. Ils remercient parce que c'est drôle, parce qu'ils aiment ne pas comprendre, parce que ceci, parce que cela. Ceux qui n'aiment pas parlent rarement, parfois ils écrivent sur le net. Aurélie me raconte un peu de bave sur moi de la plume d'un illustre anonyme à qui j'ai refusé d'être vendu chez lui. Ne jamais répondre à un chien qui aboie, ce serait lui jetter un os et puis c'est la loi du genre, tu existes, on t'apprécie, méprise ou ignore.

Toujours le grand mur, toujours les cinq mètres, toujours le vent, la colle à rallonger encore, encore et puis...on finit par finir, après ce temps long, lent, drôle et finalement efficace, curieusement tant c'était mal parti.

Bètement contents, le travail d'équipe fait toujours de nous une belle clique.

Retour, déambulation, je laisse un monstre doux le coeur tendu à qui voudra et un ange près du métro aérien. Passage rue des cascades, une des plus douces rues de ma vie, préparation de petites envies qui feraient briller les yeux.



Retour à la maison cette fois, on ne dit pas clapet, on ne dit pas cage, on dit maison, quand même. Passage rue alibert , angle rue Bichat pour prendre marie et louise. Passage devant un cercle de fleurs, de personnes recueillies, des bougies. Logique, c'est beau sans doute mais ça pèse mille tonnes. C'est traverser encore et encore une crypte, passer devant des corps dont on aimerait qu'ils ne reposent pas. C'est lourd les fleurs même si rien ne sera comme avant.

Il y a un malentendu sans doute. Je ne colle pas sur les lieux des attentats. On a assassiné là où je vis, là où je colle, là où je bois, mange, rêve, cauchemarde. C'est là où on vit et j'y colle alors j'ai collé encore, parce qu'il fallait vivre, parce qu'il fallait dire la vie par dessus, par delà.

Il y a un , un collage fleur. Posé impulsivement parce que je n'arrivais pas à rester plus de trois secondes à cet angle de rue où je suis passé mille fois et où on a tué. Je l'ai posé parce qu'il peut rester lui et parce que là il restait encore un bout de collage déchiré, récouvert de mots, un ange presque lacéré, devenu glauque.



Il se décolle un peu. J'hésite, ce serait peut être bien qu'il parte lui aussi, comme les fleurs. Je le rafistole, repose de la colle aux angles. Un homme casquette de mon grand père, manteau colombo sorte sa carte à trois couleurs. Interroge, annonce une amende de dsoixante huit euros. Je m'arrête, explique, répond, le pourquoi du comment mais il répète soixante huit euros, veut que j'arrache. Arracher...c'est pas possible d'arracher, je peux payer soixante huit euros pour un bouqet, il s'en va, je fais semblant.

Je ne sais pas qui a commencé, qui a fait quoi dimanche quand il y a eu du gaz lacrymogène à république. Je sais juste qu'à la sortie du métro j'ai été bloqué par des hommes en armes qui riaient à mon envie de passer pour rentrer chez moi et de sortir de l'espace où ils enfermaient des manifestants réels ou supposés. C'est bien de rire en travailalnt, quel que soit le boulot c'est ce rire qui nous sauve mais ...non vraiment, là , tout de suite j'ai trés peu ris , coincé par des armes en hommes. J'ai trés peu ris rue bichat devant une carte, des corps et soixante huit euros.



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