lundi 4 janvier 2016

Dernier pogo à Paris

Parfois c'est le curseur de la journée, le moment qui dit ce qu'elle vaut, ce qu'il y a à en retenir, juste parfois. C'est toujours mieux avec , ça ne la plombe jamais.

Il y a eu quelques heures de découpage, plutôt pas mal de quelques, des taches sur les impressions parce que découper trois mètres sur un lit et colorier sur du mou ca équivaut à manier des brindilles avec des gants de boxe.

Ce matin écrire, un peu, écrire, se voir parler à la télévison, étrange, un peu étrange. Etrange d'exister sur des médias parce que des gens sont morts et qu'on est en vrac comme tout le monde avec simplement pour avantage de le dire indirectement. 

Discuter terreurs nocturnes et réminiscences obscures place monge, la 11 puis la sept juste un peu.

Retour, dessiner, dessiner, tatonner, trouver, de petits points , encore, encore.Un envol vers...on ne sait trop, un attrappe rêve personnel, un de plus. Le premier pour les cauchemards d'une belle , il y a un siècle déjà. Ces années de dessin , d'éveil, de mouvements, toutes les dernières, presque toutes les plus belles depuis la maternité elles ont chacune compté au moins double, denses, denses, danse parfois.



Sortir coller, pas sortir, hésiter. Un rendez vous annulé ouvre la voie, sortie de soir, à 17 heures de toute façon ça aurait aussi été la nuit, sortie de nuit sans portier, étrainant un nouveau diable, fidèle et confortable.

Rouler, trainer le chariot, l'escabeau, poussé par son poids et les rouleaux de trois mètres étiquettés: 1, 2, 3, 4 et l'anonyme qui ira au milieu.



Une lettre un jour m'avait pointé du doigt comme me contentant d'étaler de la névrose égocentrique à des fins de marketing et pourrissant à moi seul un quartier. C'est une des plus intéressantes et justes que j'ai reçu. 

Mes meilleurs dessins sont un peu là dedans, dans l'émotion, le pathos, l'enthousiasme comme la tristesse, des pulsations vives ou lentes avec une recherche de doux, de vers, d'espérance, porte bonheurs: " nouvelle aube....même si elle n'existe pas on fera comme si elle était là" ( LSD).Qu'est ce qu'on pourrait proposer de plus juste, de plus transposable que nos histoires? Est ce qu'on pourrait même raconter les histoires des autres sans y ensevelir nos émotions? Que de l'égoisme qui se dilue pour devenir une soirce, tarie , fétide ou généreuse selon que les gouts et les couleurs s'en approchent ou écartent.

Pourrir ou fleurir selon qu'on aime ou pas mais oui c'est dans le quartier, dans mes quartiers, un petit grand périmétre ou déposer des cailloux pour s'y retrouver , juste ça.

Dans ce quartier il y a aussi des personens qui se les approprient, y sourient et le pathos, la névrose , légoisme disparaissent au profit du partage. Ce doit être du christianisme primtif le collage, ou une autre secte mystique axée partage, il y a beaucoup de je mais on préfère le nous, il porte plus haut , comme dans le jeu.

Peu de marketing, quand cette dame m'a félicité tout à l'heure, tout en accompagnant son petit bonhomme de chien elle m'a demandé que me souhaiter: l'argent? L'amour, j'ai pris l'amour, on ne veut que ce qui manque. Elle dit que je l'aurai, je prends, si elle a dit je prends.

Arrivée dans ce passage étroit et long pour poser un bout d'histoire, de vie, de coeur , de pulsations, une bulle transposable et qui perdra le sens que je lui donne en ne m'appartenant plus. En novembre elle s'est appelée : "on ne dira que l'amour", ce soir c'est "cent paroles ne valent pas une flamme" .




Déposer le matériel, le pot de colle, les deux perches, la brosse, le rouleau, faire croire à son cerveau qu'o nest ambidextre car quand le papier est rebelle et aérien il faut travailler des deux mains, là haut à trois mètres, tout fait trois mètres ce soir. Cinq fois trois mètres et 15 laies de papier et d'histoire.

Silence, c'est en silence, il fait doux et silence, le temps s'efface, je le vis en pensant à le raconter ce rien et penser à le raconter le fait vivre plus doux encore. Lenteur, rien ne presse, j'ai juste trois tonnes de découpe en arrivant, envie d'écrire, dessiner mais peu importe c'est écrit " plus la nuit sera blanche, plus le jour sera long" et c'est toujours LSD.

Tout est long, quinze fois fois quatre vingt dix centimètres de large, étaler la colle, insister en haut, déchirer un peu, juste parfois, faire des pauses pour laisser passer les voitures, se coller au mur, remercier de la main , s'excuser des yeux et en face la simétrie. La voiture de police ne fait pas symétrie mais ils me laissent plaquer mon matériel contre le mur en faisant semblant de ne pas me voir, c'est généreux déjà . Généreux et classique, paris 2015, personne n'est ennuyé pour du papier et des bétises de poèsie. pas de quoi s'inventer un cursus de vandale bon tein. J'ai une tête de gentil gendre, seul le célibat laisse placer soupçons de perversion.



Les voitures ralentissent, au troisième passage une vitre se baisse: vous avez vu je n'arrive toujours pas à trouver une place c'est fou? 

La plupart demandent si c'est de moi. Certains disent merci , habitent ici. Le couple de la belle vietnamienne bat de l'aile, il taciturne , elle triste, s'engueulent car il dit "vient ici", elle dit "viens là".





"Tu ne colles pas avec Aurélie?" demande un couple filant, désignant mon acolyte de grands formats, non, non, aurélie elle est du matin Aurélie et demain matin elle Istanbul.


Il y a des sourires , des sourires de silence comme la rue, des lumières dans les immeubles, des piétons à chiens, à couples, en vadrouilles, en retour de gare et je me transforme en ramoneur, sale et heureux. Je sais pourquoi je suis vivant ce soir, elles sont belles ces heures, elles ne parlent de rien , juste je les aime.




Retour et entendre la phrase du soir " je te jure, les doc marteens c'est la vie", ce n'est pas extrait d'un groupe qui réciterait oi! oi! oi! mais ça fait sourire tout de même encore un peu plus. J'ai mis mes chaussures de bal à blanc "pour le dernier pogo à paris", mes chaussures de bal elles sont sales au début, dégueulasses à la fin et pourtant qu'est ce que c'est propre.





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