dimanche 21 février 2016

A droite, à gauche, au sud à l'est

Janvier, février sont girovagues , escampette, poudre, perlinpinpin . Des pas , à droite, à gauche parce que quelques billets permettent le train, que des visages mangent la gueule d'un sourire à vouloir les voir.

Peut être aussi parce que la colocation avec l'humidité, la toux, les coups de balai de la voisine quand je marche (plancher m'a tuer) et les insectes que l'ambiance délecte ne me plonge pas dans l'extase mais ça...c'est bientôt derrière.

Angoulême, Nancy, Nantes, Roubaix -Lille, Toulouse avec Paris toujours intercalé. Dans chaque ville un visage ami, mot de passe et alibi pour le voyage petit, dépaysement grand quand même.

Le temps est notre ami, le temps est notre ami dit souvent une proche sinon la seule alors il est pris.

Angoulême, ville natale, je suis marchand de sérigraphies et petites bétises pendant le festival de la bande dessinée. Enfant pendant le festival  c'était merguez, bouquinistes, disquaires et émerveillement, gratuit. Maintenant c'est...différent. Je n'en verrais rien, raté Hugo Pratt pour cause de vénalité mais "il faut bien vivre" dit l'âge adulte.



Des personnes, des visages , quelques passants perdus qui cherchent à parler de la pluie sur leur vie, faute de temps beau, harponnent mais peu, si peu, c'est pas capitaine Achab.Quelques personnes qui viennent encore, encore, années après années,fidèles. Il y a des parisiens en promenade, des adolescents disant avoir été conduit au dessin par mes collages. On dit merci et que c'est un peu fou la vie. Quelques "vrais" dessinateurs qui regardent de haut, commentent fort l'absence de technique, d'intérêt. Partout où il  y aura un regard l'homme parlera de la taille de son pénis et de sa puissance. C'est assez peu bandant mais tout le temps c'est priape.

Un joli couple achète pour son père à elle, ils sont beaux comme l'amour doux, le lendemain matin elle m'offre une fleur, une ou deux heures et on me vole la rose, "on" est un...Pas besoin d'avoir un frère pour créer "caïen est un chien!"



Le temps file, resto obèse, pas et blabla avec une amie de vingt ans et amitié où rien à se prouver, mesurer, aucune puissance  à tester. Repos.Une amie vue en concert, la timide inconnue connue campe un personnage pêchu. "Putain, putain qu'elle est belle".

 Quelques murs au passage, quelques uns, ce serait comme passer à côté des jours sinon, sinon.


Paris, je sais plus mais Paris. Vivre, sourire.

Nancy , Nancy pour l'androgynette, tatoueuse à l'allure noire et au coeur et attentions en coton, rose, rouge, blanc. Nancy pour me faire encrer un peu d'elle, parce que ses traits d'artisan sont magnifiques et que la personne aussi.

je déambule entre deux, je ne croise pas les guise de noir vétus , noirs dehors , noirs dedans, quelques belles rues, leur place des vosges, de la brique, de la pierre, un tunnel piéton. Les pas rassurent puisqu'ils ménent , au passage, à une belle librairie et à une patisserie. Nourriture pour les yeux et le ventre, tout va bien, rien ne va rien.

Boutique de tatouage, découpage, blabla, retour casa. Leur maison est douce comme un feu de cheminée, entre eux ça sent l'amour, pas un mur avec le monde mais des fondations encrées, joli. On mange des glaces à Monoprix, la vie est belle sans tarifs. 

C'était un troc, je laisse des dessins à des anges gardiens, je pars avec de l'encre , peau gardée.



L'aiguille tape, je me mords pour avoir mal ailleurs, on se tatoue pour contre, mal ailleurs, beau par dessus et ce beau là il est accessible, étirable, malléable, c'est notre beau à nous. Même suitant, difforme et repoussant.

Au passage un peu de papier encore, toujours. Moins facile à déposer, la ville parait propre, belle dans son centre. Je laisse un portrait, l'objectif premier, un portrait c'est comme un dessin avec un peu moins de nombril dedans et de l'émotion, c'est comme un dessin mais fleuri.

Paris, je ne sais plus mais Paris. Vivre, sourire. Photos avec Alyz, collage avec Madame, des pas avec Antho, je ne sais plus, c'est dedans rangé dans le désordre et enrobé d'amour.




Nantes, au milieu d'une famille, trois enfants, 6 mois, deux ans et demie, quatre , bientôt quarante trois, j'en aurai pas. Je partirai avec mon nom et de l'éphémère en mémoire fleurie de poussière.

Nantes à nouveau, une librairie encore, des gâteaux toujours, je dors chauffage au sol, comme chez moi mais inversé, ici c'est chaussures obligatoires et souffle passe murailles. Là bas un peu de sourires pour enfants, discussions de grands et marcher le long du fleuve. Nez à nez au lieu unique avec un ami de lycée, pas vu depuis mes seize ans peut être. Nez, yeux, bouche oreilles. On était du "petit coin", enclos punk dans cour de lycée, angle mort, musique vivante. On se parle avec le même bonheur qu'il y a...




C'est juste chouette.

Personnages de papier aux endroits habituels , déchirés bien vite d'après la toile qui aura eu le temps de les embrasser avant, merci à elle, sur mon coude pas d'araignée tatouée, je suis trop paresseux pour ça.Une passante inconnue vient parler. C'est souvent précieux ces mots à la volée puis s'en va , avec qui on n'aurait jamais croisé les mots sinon. Précieux quand l'autre ne vous appelle pas "mon petit" , "mon cher" ni pose la main sur l'épaule avec la même délicatesse que si il l'enfoncait dans votre pantalon. On sourie, scrute ou pas, les mots dansent un peu , bal à blanc.



Elle parle de ses tumeurs, de ces trucs qui grandissent en elle, je comprends, j'entends mais mes ciseaux ne peuvent pas le découper ça. Sur le grand lit où j'ai placé un enfant de nuit il y a des mains à griffes noires. Pour elle c'est ce truc là. Elle y pensera, dit elle, en entrant à l'hopital et aimerait le voir sur murs. J'espère qu'elle l'y verra en sortant propre, peux pas plus qu'espèrer.

Paris, je ne sais plus mais Paris. Vibrer, Sourire.Une des plus belles nuits. Une vie pour rien mais avec beaucoup de choses.


Lille-Roubaix. Déjeuner avec Raffy et Seb , masseur et tatoueuse de constellations. Sur mpon bras j'ai de petites signes astrologiques volées aux dates de mes deux premières expositions. Je n'ai pas de dates à fixer en 2015, le précieux ne se programme pas. C'est comme Paris , il y a des rues, du bruit, des passants sauf que quand tu es perdue le livreur te dépose dans sa camionnette parce qu'il ment en disant aller à côté.



Il y a toujours une librairie , un trou de plus sur mon compte bancaire, de la place dans mon sac et la patisserie est remplacée par une boutique veggie vegan proposant des exotismes, oubliées dans un frigidaire, pax romana à leur âme.

Roubaix, une famille, jolie maison , trois personnes , eau vive. Je cherche une voix qui fasse rire, trouvée. La journée j'attends, je dessine, dessine, avance. Le dessin crie qu'il manque, je dessine, dessine et le temps s'avale. Moments entre amis-famille de trois jours d'adoption.



Passage à la piscine pour voir l'expo Chagall , terminée la semaine précédente. Trouver un vaste beau mur, déposer un autre portrait. Quelques pas avec les filles et leur adolescente de mère, coller avec elles, elles s'intéressent puis dispersent, c'est le rythme de l'enfance. S'émerveiller, se disperser. Le rythme de l'humain, de la modernité aussi. Peu te prendront pour un chien mon frère, pour un jouet souvent, on le caresse, le jette en l'air puis lui arrache un bras et débarras. A toi de trouver ton tambour, toujours.



Je laisse sur le mur d'en face, le chemin de l'écôle , une trace de mon passage et de quelques sourires. Le journaliste d'un journal noble n'était venue me voir que pour parler d'argent, l'autre fois, ce stratégies, de visibilité par les murs. Bien sur, bien sur, l'argent est partout mais si il était le moteur ce serait bien sec , tout ça. Le curseur de la réussite il est là, se laisser avaler par des pas, sourire à un mur les mains gelées et en cadeau bonus aux tâches dégueulasses sur habits de ramoneur un sourire en retour.

Ses questions n'étaient pas une erreur, juste une insulte mais on se lave les mains de la boue des autres.La susceptibilité c'est aussi une veste matelassée.

Paris, j'ai pris un an à Roubaix. Je me souviens très bien. Vivre, anniversaire médiocre le jour J, c'est une tradition. Une rencontre à mots qui bougent, du cinéma , pas à pas, étrange, anniversaire vécu jour J. plus quelques uns. Vivre, sourire.

Toulouse. Toulouse, toulouse. Ville de coeur coupé en quelques lieux.Combien d'étés, hivers là bas? Je ne sais plus. La ville m'est toujours inconnue, comme le monde et la paix, juste effleuré, caressée. La garonne coule toujours, ma filleule n'habite plus ici, sa mère non plus. C'est chez moi et pas.

Un petit huis clos de vie, sève, sourires, quiétude d'une bulle chaude et toux, toux, toux, saleté de corps, ildevrait rester un décors. Promenade à deux, collage à deux. Toulouse est propre, nettoyée, repassée, quotidiennement. L'éphémère se mesure en heures. On trouve du sale quand même, enjambe , descend sur berges, mini escalade façon enfance, la cabane dans les bois est une cabine au bord de l'eau. On dépose un bonhomme là où d'autres dorment, espérant qu'ils aimeront.



Sur le mur est écrit " enculer dieu" , je n'y crois pas, On ne devrait enculer qu'en joie.

Lendemain en solitaire, traverser un champ d'orties soigneusement pour ne pas le défigurer, déposer un personnage à côté d'un coeur et d'un pont que je n'emprunterai pas ou si. Déposer portait , encore, sur porte de garage défoncée, soigneusement, doucement, manteau accroché plus loin , le froid pique un peu, la sueur délivre. Une voix dit "il ne faut pas coller là" et c'est mon amie Leïla hilare de rien. Les liens qui nourrissent sont chronologiques, les autres hystériques.


                                                  Photos Capucine Moreau


Avant,coller une photo d'une amie par un ami. Comme au début, quand je ne signais pas et que je collais dessins d'amie pour qu'elle réalise que "putain c'est bien" et qu'on les regarde en souriant "putain c'est bien".


                                                                   Anthonoir


                                                Photo Leïla

Je colle anthonoir, je ne sais pas si l'homme est un loup cannibale mais Anthonoir, anthony est si belle amitié que je le dépose encore, où je vais il va. Le partage et la solidarité ça tient autant de l'esprit punk , papier, ciseaux , colle UHu que du christiannisme primitif.

Je n'encule personne.

Un train plus loin, ici c'est Paris, souvent ça pue, parfois c'est doux. Aujourd'hui , des pas pour récupérer des valises propres, marcher le long du canal, s'enfoncer dans les rues, lever la tête vide, le sourire plein.

Demain Marseille, Angoulême, La rochefoucault.

Après demain...Berlin? Nancy? Lille? Strasbourg? Saint ouen?



La suite c'est içi.





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