mercredi 17 août 2016

Au commencement était le tank

Ca commence rue de Belleville, à pieds, en chariot,plutôt en tank puisque j'étrenne une nouvelle échelle pliante qui pèse cent bras.

J'avais le choix entre une échelle pliable, lègère ou à peu près , peu couteuse et un molosse encombrant, peu maniable, tarif expensible, ma logique personnelle m'a poussé vers le choix numéro deux. Une vie de poèsie c'est ça, faire chuter les vases de soissons, percuter des murs et faire rire un peu, beaucoup, en le voulant peu, pas, pas du tout.



Je marche lent, on marche lent puisque devant il y a trois garçons en tenues de vacances, de retour d'un bled quelconque d'après le bronzage peu parisen et quelques mots volés. Pas besoin d'être Lupin Arsène et de voler sur les toits ces mots là, ils ne parlent pas ils aboient, un ado ça ne sait pas parler, ça crie plus ou moins fort.



"Obligé de tromper ta copine quand tu regardes toutes ces tentations, c'est le diable". Je me dis que le diable n'est pas si méchant avec lui, il a une telle tête d'idiot que ca doit quand même en éloigner pas mal, même si l'assurance est un passe murailles, quand même..."salope..."..."t'as vu son cul"...tout ça, tout ça. La masturbation ne rend pas sourd maisla frustration grande gueule, c'est certain.

Je crois Nicolas le pierceur malicieux, quelques mots et le peloton d'acnée m'a distancé. Je continue seul avec ce diable qui pèse si lourd que j'ai un chemin de croix en prime.



Entre chien et loup on va cité riverain, un mur familier, visité souvent après une journée à ferrailler feutre contre papier. Un mur familier c'est un repère dans Paris et la vie. Boulangerie, restaurant, visages alliés, ce sont de petites zones de confort qui donnent clin d'oeil et caresses au passage.

C'est un passage de rien, long, haut, sale, creusé, abimé, en face d'un bon restaurant italien entre strasbourg afrique , turqie, kurdistan, inde saint denis et république. Un mur parfait et toujours des rencontres souriantes, de bonnes énergie.

Je joue un peu à Ikea mission suicide avec ma grande échelle qui me fait grincer deux doigts au passage, ils font du bruit quand ils plient mais ils ne peuvent pas être cassés, j'ai trop à dessiner pour ça.

D'abord un grand chat à langue tirée pour faire peur aux peurs, au monde, à tout ce bordel qu'on appelle la réalité et puis mon alter égo part d'enfance entourée de son chez lui,ce qu'on appelle notre monde: alors on inventait des monstres pour effrayer nos peurs.




Le résultat il compte mais, comme pour un tatouage, quand on s'installe plusieurs heures cequi compte c'est aussi le moment. Le moment dit qu'à mi échelle j'ai confirmation d'avoir toujours le vertige. Le moment c'est les pinceaux, brosses qui tombentl ,les lampadaires en panne. Le moment dit surtout que les passants sont toujours aussi aimables cité riverain, même si j'ai la chair de poule mouillée sur cette saleté d'échelle je n'y reste presque jamais seul, deux chouettes inconnus bienveillants. Mais si la bienveillance, tu sais, cette valeur refuge non côté en bourse.

Le temps dit qu'on ne se presse pas , jamais avec lui, la BO du soir c'ets la famille adams, je ne sais pas pourquoi. Au retour seule ma casquette est propre, le reste tacheté de colle, sale, sale et je conduis toujours mon diable de tank. Aux terrasses chics certains dévisagent, grimacent. Aux terrasses prolos_pulaires certains s'excusent, reculent leurs chaises et en bas de la maison jeune qui tient le mur ouvre la porte , la tient, accompagne.

Délit de faciès, solidarité de faciès, je pue le sale, je dormirai bien.

Bonne nuit, bise sur la joue.

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